Lokie thought

posté le 01-04-2015 à 20:32:56

#5 - Vendredi 27 mars 2015

Comme tous les matins, il m’a envoyé un texto. Il m’a appelé aussi.

 

A 14h50, il sortait de chez lui pour aller à la pharmacie et à l’école. Il m’a appelé, je lui ai dit que je viendrai. Il m’a répondu qu’il devait me parler mais n’a rien voulu dire au téléphone.

 

Je suis allée à l’école vers 15h15. Je sentais le sale coup arriver, il ne servait à rien que j’arrive trop tôt. Il m’a dit que c’était terminé, qu’il a entendu dire que je vois toujours le père de ma fille, qu’il a des doutes et ne peut donc pas continuer. Il m’a dit « c’est terminé, supprime mon numéro ». ça fait des années que je n’ai pas vu le père de ma fille. Je sais bien que ce n’était qu’un prétexte. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Il m’a dit que je ne suis pas une fille pour lui. Sa mère était au courant depuis hier.

 

Ce matin encore il me sortait ses belles phrases.

 

Je suis parti en lui disant que j’avais passé l’âge des « on dit », en rigolant. Puis j’ai attendu la sortie des classes.

 

Je lui ai envoyé un dernier texto en lui disant qu’il ne me verrait plus puis j’ai supprimé son numéro. Sur le retour je ne l’ai pas vu devant l’école.

 

Arrivée au passage piéton, il était là, sur celui d’en face. Il s’est dépêché d’avancer pour me dépasser. Il est passé par ma rue alors qu’il ne passe jamais par là. ça le rallonge. Il a tapé dans un poteau. Il veut me montrer qu’il reste là.

 

Sur les coups de 18h, je gardais en travers toutes les choses que je ne lui ai pas dites. Alors je lui ai envoyé un message sur Facebook. Message qui a atterrit dans « autres », puisqu’il n’était pas dans mes amis. Il ne sait même pas que j’ai trouvé son compte.

 

« Juste deux trois trucs…… A quel moment tu t’es foutu de ma gueule exactement ? En me sortant tes belles phrases ou en voulant me faire passer pour la garce qui se fout de ta gueule ? Le seul mec que je vois c’est mon frère. Je suis pas ce genre de fille moi !

 

Toi qui disais être différent des autres, au final tu l’es pas. T’es comme eux. Tu vends du rêve et tu te barre. Hier tu me disais que je faisais parti de ton présent et de ton futur et du jour au lendemain tu change et tu me jette comme si j’étais personne ? Tu vois, t’étais même pas amoureux en fait.

Alors, c’est à quel moment que t’as pas été sincère ?

 

C’est la deuxième fois que tu me fais pleurer….. Ne compte pas à ce qu’il y en ait une troisième. Comme tu l’as dit, c’est terminé.

 

Tu me verras plus à l’école, j’ai supprimé ton numéro et je te bloque sur facebook. C’est ce que tu voulais alors t’as ce que tu veux.

 

Tu vas me manquer…. Beaucoup. Mais c’est pas moi qui suis pas une fille pour toi. C’est toi qui est pas un mec pour moi. Du coup, je crois qu’il y a pas de regrets à avoir. T’es trop jeune dans ta tête…… Quand on est mature on a assez de recule pour ne pas écouter ce qui se dit à droite à gauche. Et encore plus pour ne pas inventer ce genre de conneries…. Ma fille n’a pas de père, point. ça fait des années que je l’ai pas vu. Tout comme j’ai pas d’autres gamins !

 

Je t’oublierai jamais quand même…… Mais ne reviens pas…. C’est terminé. »

 

J’en ai rajouté volontairement en mettant le doigt sur la maturité et le mensonge, le foutage de gueule. Quand il le lira, il culpabilisera.

 

J’attends qu’il revienne. Pour lui dire que c’est trop tard.

 

Ce soir on a fêté mon anniversaire avec mon frère et sa copine. 26 ans demain. J’ai pleuré, j’ai vomi. Je me suis retourné le crâne.

 

Joyeux anniversaire……

 


 
 
posté le 01-04-2015 à 20:30:59

#4 - Lundi 23 mars 2015

Hier soir, j’ai fait pile ou face. Pile, je ne fais rien. Face, je note mon numéro sur un papier et je lui glisse discrètement dans la main quand il passera à côté de moi avec sa mère. C’est tombé sur face.

 

J’oserai pas venir te parler. Alors….. 06********

 

Je suis arrivée à l’école ce matin, à la demie passée. Il était trop tard. Mais il était là, et seul. Après avoir laissé ma fille, je suis allée le voir et lui ai donné le papier en lui disant que maintenant, j’allais partir comme une voleuse. Il m’a dit de ne rien dire à sa mère alors je lui ai dit qu’il n’y avait aucun soucis et que si jamais je le croisais avec elle, je l’ignorerai.

 

A vrai dire, je ne m’attendais pas vraiment à ce qu’il m’écrive. Mais à peine arrivée à ma porte d’entrée, il m’a envoyé un texto. Il m’a dit qu’il pense à moi tous les jours. Il a même été jusqu’à dire qu’il est amoureux……

 

Il y a quelques mois, quand il a commencé à m’ignorer après que sa mère m’ait engueulé, on m’avait dit sur un forum qu’il était certainement mort de honte mais que je devais compter pour lui. Ce gars là n’avait pas tort.

 

J’avoue, ça me fait un peu peur qu’il soit si accro alors qu’au final, on ne se connait pas. Mais je m’en fout. Il a conscience qu’on verra comment ça se passera. J’ai aussi un peu peur qu’il se foute de moi avec tous ces mots.

 

Il m’a appelé à midi, il est en sortie scolaire. Raison pour laquelle il était là plus tard ce matin, et seul. Je vais à l’école à 15h30 pour le voir. Il m’a dit que son frère ne dira rien. Et que ses parents ne seront au courant de rien.

 

Je suis contente. Même si ça me fait un peu peur. Mais je ne cèderai pas et je vais voir comment ça peut évoluer. Je m’en moque qu’on doive se cacher. Complètement !

 


 
 
posté le 01-04-2015 à 20:25:17

#3 - Troisième année

Qui est la plus mouvementée et ce n’est pas terminé.

 

En ce début d’année, rentrée au CP. Je ne m’attendais pas à le voir dans la cours en ce premier jour d’école. Il m’avait vu bien avant que je le vois. J’étais contente. Je le croiserai plus souvent et de plus près…..

 

Les regards ont été plus insistants et ses sourires étaient ceux d’un enfant heureux de découvrir ses cadeaux le matin de Noël.

 

Un jour, alors qu’on était à la même porte, à quelques centimètres l’un de l’autre, je n’ai pas lâché son regard et ai tourné la tête pour voir s’il allait se retourner en passant à côté de moi. Il n’avait pas détaché son regard non plus.

 

A partir de ce moment là, tout est devenu plus fort. Quand je passais devant lui, on se souriait, se fixait et je me retournais. Et on se regardait encore jusqu’à ce je ne puisse plus soutenir son regard. Puis je baissais la tête en souriant, comme une adolescente terriblement gênée.

 

Le 14 novembre 2014, il m’a parlé pour la première fois. Il marchait devant moi et en entendant ma fille parler de crotte de chien, il s’est retourné en souriant et a dit « rah les gosses ». On a parlé 5 minutes, de choses futiles. Il était avec son petit frère qui lui, est en CM1. En se quittant, il m’a souhaité un bon week-end en me disant « à la prochaine ».

 

J’étais heureuse mais je me sentais mal de passer à cette réalité. Pendant deux ans je me contentais de ses sourires et j’étais bien.

 

J’ai quand même décidé d’agir. Il était temps. Encore une fois, j’avais noté mon numéro sur un morceau de papier que je comptais lui donner. En croisant une copine qui connait sa mère, j’ai quand même voulu m’assurer qu’il n’avait personne. Elle ne savait pas. Elle m’a dit qu’elle allait se renseigner. Etant donné qu’elle a passé la quarantaine, je n’avais pas jugé bon de lui dire de rester discrète. J’aurais dû ne jamais rien lui dire.

 

Le lendemain j’ai croisé sa mère, au même passage piéton où j’ai croisé son regard à lui, la première fois. Elle m’a lancé un regard noir….. Je me disais que c’était certainement sa nature, son regard qui était ainsi.

 

Ma copine m’a rapporté qu’il n’a personne mais qu’il ne veut rien. Je ne comprenais pas. Il a 22 ans. La différence d’âge me gênait un peu, mais qu’importe. 3 ans, ce n’est pas la mort.

 

Puis un matin, alors que je le vois et qu’il me fait un énorme sourire que je lui renvoie, sa mère m’a littéralement agressée : « t’as pas bientôt fini d’emmerder mon fils?! ». Alors qu’elle aurait pu le faire avant, comme au passage piéton par exemple.

Sur le moment j’ai rigolé, en me disant que c’était une mère possessive.

 

Puis le lundi suivant, ma copine me dit que sa mère l’a chopée au coin de la rue en lui expliquant que son fils n’a que 18 ans et qu’une fille comme moi, plus vieille et déjà maman, ce n’est pas ce qu’elle veut pour lui. Il comptait me dire lui-même qu’il ne voulait rien. J’attends toujours…… Je me suis effondrée. 18 ans….. Il en avait donc 16, la première fois que je l’ai vu.

 

Il a commencé à m’ignorer. Alors je n’arrivais plus en avance à l’école pour ne plus le croiser. Puis j’ai changé de trottoir. Et j’ai mis ma fille au TPE pour ne plus le voir à la sortie des classes. Mais lui-même ne venait déjà plus.

 

Je l’ai croisé sans le vouloir avant les dernières vacances scolaire. Il m’a fait un petit sourire. Le sourire du gars qui s’en veut. Je l’ai regardé, et je l’ai ignoré. Je suis passée devant lui en regardant droit devant moi. ça m’avait brisé le coeur. Mais c’était trop facile pour lui.

 

Finalement, la semaine dernière j’ai recommencé à aller plus tôt à l’école pour le voir. Pour lui montrer que je ne faisais plus la tête. J’y suis allée deux matinées plus tôt et je l’ai vu le vendredi à 15h30. On s’est sourit, en étant gênés tous les deux.

Ma fille est tombée malade samedi. Je ne l’ai donc pas mise à l’école les lundi et mardi, cette semaine.

 

Mardi après-midi, j’ai voulu aller à la pharmacie et à l’épicerie. En mettant toutes les chances de mon côté de le croiser. Je suis donc parti de chez moi entre 15h20 et 15h25 pour aller à la pharmacie. ça traînait. Les pharmaciennes étaient toutes à l’écoute d’une femme qui se plaignait que son mari avait été opéré par un chirurgien qui avait bu. Et j’attendais….. Quand enfin vient mon tour, là encore je dois attendre. Puis je fini par sortir.

 

Il était au passage piétons. J’ai ralenti le pas pour le croiser. Il m’a souri et a tendu sa main. On s’est touché comme ça sans rien se dire, sans même s’arrêter, jusqu’à ce qu’on n’ait plus les bras assez longs. J’ai failli l’arrêter mais il était avec son petit frère. Donc, chut……. On a fait la paix. Il y avait quelque chose de réconfortant dans son regard. Comme s’il me disait « on oublie tout ».

 

Il a un sacré culot ! Je n’aurais jamais osé faire ça…..

 

J’attendais que nos échanges silencieux se remettent en place pour aller le voir et enfin, lui donner mon numéro. J’ai eu plus, bien plus que ça. Mais je suis tétanisée. Demain vendredi, c’est peut-être lui qui sera là à 15h30. Je l’espère. Mais je n’irai pas le voir. Je crois que le mieux, c’est d’attendre que ça vienne de lui. Ou peut-être que j’en demande trop. Je ne sais pas.

 

Je ne me sens pas bien. Physiquement et moralement. Je ne sais pas si on peut parler de coup de foudre. De coup de coeur, ça c’est sûr. Mais depuis ce jour où j’ai croisé son regard au passage piétons, je pense à lui. Tous les jours…..

 

Je ne connais même pas son prénom……

 


 
 
posté le 01-04-2015 à 20:23:38

#2 - Deuxième année

Cette seconde année fut la même que la première. Mais j’attendais de plus en plus le moment où j’allais le croiser. Attendant au grillage, le plus loin de la porte pour ne jamais le rater.

 

Il venait moins régulièrement mais il y avait toujours ces sourires.

 

Je crois qu’il habite en face de chez moi. J’ai déjà vu le petit garçon qu’il accompagne dans le jardin qui se trouve face à mes fenêtres.

 

J’en avais même parlé au garçon avec qui j’étais depuis quelques semaines, un soir où je faisais du café.

 

L’année scolaire allait se terminer et il ne servait à rien que je le cherche dans la cours de l’école durant la kermesse, puisque la maternelle et le primaire sont séparés.

 


 
 
posté le 01-04-2015 à 20:22:41

#1 - C'était en septembre ou octobre 2012

La rentrée scolaire venait de commencer. Première année d’école pour ma fille, directement en moyenne section.

 

Un jour en m’y rendant, mon regard a croisé le sien. Il allait dans la direction opposée, on partageait le même passage piétons. Depuis cet instant, j’ai chaque jour espéré le voir.

 

Les premiers temps il me saluait poliment, comme on salut quelqu’un qu’on croise régulièrement. Tandis qu’il me disait « bonjour », je lâchais un « salut » souriant. J’adore son regard.

 

Puis on a commencé à se sourire, sans se dire un mot. Les yeux dans les yeux, le temps de quelques secondes.

 

La fin de l’année scolaire approchant, j’avais décidé de lui donner mon numéro. Je l’avais noté sur un papier que j’avais soigneusement glissé dans ma poche. Je ne l’ai plus vu. Jusqu’à l’année suivante.

 


 
 
 

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